Leslie COMPAN
54 ème Salon de Montrouge (2009)
Le travail de Leslie Amine, c’est avant tout une histoire de géographie. Au fil de ses déplacements volontaires, de sa confrontation aux différents contextes de vie et de travail, l’artiste témoigne de sa perception d’un monde contemporain comme un monde de cohabitation et d’interaction entre différents éléments.
Guidée par la curiosité, sa recherche artistique s’inscrit dans une dynamique de rencontre, qui légitime en même temps l’attachement à un réseau de discussions ouvert et l’autonomie qui garantit la liberté de son propre travail. Piochées sans restriction limitative à un milieu, ni à l’histoire
de l’Art, ses références tentent d’élargir le spectre de sa création au monde vivant. Le travail de Leslie Amine privilégie ainsi l’expérience des « choses vues » – terme fondamental de son œuvre – et des choses faites. En effet, que ce soit dans les sculptures ou dans les peintures, c’est la qualité gestuelle et sensible de l’action qui est primordiale.
C’est cette répétition d’un même geste, produisant pourtant des formes variantes qui guident un travail qui apparaît comme une forme de réflexion, une interrogation en cours engagée sur la pratique artistique par la pratique artistique. Leslie Amine développe un vrai champ d’exploration sur les limites du systématisme opérationnel et la productibilité sérielle, préférant épuiser les motifs qu’elle aura exploités, dans le cadre d’un cycle de création donné. Les choses vues, quant à elles, s’inscrivent dans la variabilité polysémique des affects. À ce titre, les bribes de mémoire, mouvantes, en sont le reflet. Procédant par collage et tissage de ces réminiscences visuelles, Leslie Amine introduit ainsi dans ses œuvres un potentiel fictionnel, délimite des zones mentales que la mémoire est seule à pouvoir circonscrire. Nivelant les échelles de perception entre réalité et fiction, mais surtout entre espèce humaine et espèce animale, l’artiste parvient à créer un espace singulièrement suspendu, à la fois familier et chaotique.
54 th Salon de Montrouge (2009) English
Leslie Amine’s work is first and foremost about geography. Through her voluntary travels, her confrontation with different contexts of life and work, the artist testifies to her perception of a contemporary world as a world of cohabitation and interaction between different elements.
Guided by curiosity, his artistic research is part of a dynamic of encounters, which at the same time legitimizes the attachment to an open network of discussions and the autonomy that guarantees the freedom of his own work. Drawn without restriction to a milieu, nor to history
of Art, his references try to widen the spectrum of his creation to the living world. Leslie Amine’s work thus privileges the experience of « things seen » – the fundamental term of her work – and of things done. Indeed, whether in sculptures or paintings, it is the gestural and sensitive quality of the action that is paramount.
It is this repetition of the same gesture, yet producing variant forms that guide a work that appears as a form of reflection, an ongoing questioning engaged on artistic practice through artistic practice. Leslie Amine develops a real field of exploration on the limits of operational systematism and serial producibility, preferring to exhaust the motifs she will have exploited, within the framework of a given creative cycle. As for the things seen, they are part of the polysemic variability of affects. As such, the moving fragments of memory are a reflection of this. Proceeding by collage and weaving of these visual reminiscences, Leslie Amine thus introduces into her works a fictional potential, delimiting mental zones that only memory can circumscribe. Levelling the scales of perception between reality and fiction, but above all between human and animal species, the artist manages to create a singularly suspended space, both familiar and chaotic.